LE JEU DES COQUETIERS

Le dénombrement en 3ème maternelle, d’après une idée de Claire Margolinas

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’une situation favorisant la construction du concept de quantité grâce à la correspondance terme à terme : deux collections ont le même cardinal si, à chaque objet d’une collection on peut associer un objet de l’autre collection et réciproquement.

Enjeux

  • Savoir-faire en nombres et opérations du Référentiel des Compétences Initiales p.57 : Comparer des collections d’objets selon leur quantité.
  • Objectifs généraux en formation mathématique (p.51) : « Il convient, à l’école maternelle, tout en favorisant la confiance en soi, de développer des savoirs, savoir-faire, compétences liés aux opérations logiques, à la correspondance terme à terme, au comptage, au dénombrement ainsi qu’aux premières opérations. »
  • Zone de Texte: 1Les élèves sont amenés à mémoriser et communiquer une information : la quantité.

De quoi a-t-on besoin?

1. Des fiches comportant un certain nombre de coquetiers (de 4 à 12, voir fichier annexé), celles-ci sont placées dans trois paniers de difficultés progressives :

  • 4, 5 ou 6 coquetiers verts,
  • 7, 8 ou 9 coquetiers bleus,
  • 10, 11 ou 12 coquetiers rouges

2. Des œufs prédécoupés.

3. Des boîtes à œufs pour les transporter.

4. Des « fiches de commande »

Comment s’y prendre ?

Séance n°1

L’élève choisit pour commencer une fiche (de niveau 1 = coquetiers verts). Il doit ensuite se déplacer et ramener, en une seule fois, juste assez d’œufs pour pouvoir mettre un œuf sur chaque coquetier.
Pour habituer les élèves à structurer le nombre, les coquetiers sont disposés sur la feuille d’une manière organisée.

Les œufs, sont transportés dans des boites à œufs, c’est-à-dire dans une disposition structurée aussi mais différente de celle des chiffres afin que l’élève ne se base pas uniquement sur l’aspect spatial.

La vérification se fait par l’enfant lui-même puisqu’il suffit de déposer un œuf sur chaque coquetier pour vérifier si le nombre d’œufs est correct. L’enseignant quant à lui peut confirmer la réussite ou aider à accepter l’échec et à en découvrir la cause.

Après l’activité un échange permettra aux enfants de partager leurs stratégies.

Échos d’une classe

Les élèves se débrouillent bien ; s’il y a une erreur, ils recommencent tout simplement.
L’enfant peut utiliser ses doigts ou la litanie ou…
Un problème se pose si un enfant ne connaît pas bien la litanie et compte par exemple « 1, 2, 3, 5, 8, 9 » coquetiers et compte aussi « 1, 2, 3, 5, 8, 9 » quand il compte les œufs. Cette « erreur » ne l’empêchera pas d’accomplir la tâche mais la séance 2 lui fera prendre conscience de l’utilité de la comptine commune à tous.

Séance n°2

Cette fois l’enfant doit venir chercher les œufs chez l’enseignante qui joue le rôle de la marchande (ou plus tard auprès d’un de ses compagnons).
L’élève peut choisir la manière de transmettre l’information, mais sera amené à avoir un système ou une technique de dénombrement plus universel pour être compris par chacun.

Échos d’une classe

En tant que marchande, j’aide à structurer le nombre en délivrant les œufs dans des boîtes à œufs en carton (structure spatiale) mais aussi verbalement, je leur dis par exemple : « Vous avez besoin de six œufs, monsieur. En voilà 3 et encore 3 ».

Séance n°3

Échos d’une classe

L’élève est invité à faire sa commande « par internet » en écrivant à sa manière sur une fiche avec l’écran d’ordinateur.
Le passage par l’écrit oblige les élèves à prendre une distance supplémentaire et à progresser vers l’abstraction. Et comme écrit Brissiaud[1] Rémy Brissiaud, Comment les enfants apprennent à calculer, Éditions Retz, 1989. : « c’est l’usage rendu nécessaire de l’écrit qui va faire en sorte que l’élève passera du comptage numérotage au concept de nombre ».

Voici quelques « bons de commande » de mes élèves avec une libre interprétation pour les rendre plus accessibles.

Le nombre est correct, mais j’ai envie de leur mettre de jolies formes.
Cela prend du temps de colorier chaque œuf…tant pis, les autres je ne les colorie pas.
C’est plus joli avec de la couleur.
Six points et encore trois, ça fait neuf.
Je dessine les dix œufs dans la même disposition que les coquetiers…comme ça je suis sûr de ne pas me tromper.
Cinq et encore cinq et encore un.
Je connais les chiffres, il me faut cinq œufs.
Il me faut cinq et encore cinq œufs.
Je sais écrire les nombres : il me faut onze œufs.

Chaque enfant écrira sa commande en fonction de son niveau. Les écrits pourront faire l’objet de « co-pillage » et donc d’une évolution progressive.

Prolongements

En variante avec les élèves les plus avancés la marchande peut faire semblant de se tromper en leur donnant un mauvais nombre d’œufs pour les faire réagir.

On peut ensuite mettre les écrits en commun  et demander aux enfants quels sont les dessins les plus lisibles, efficaces, demander qui aurait envie de représenter ses œufs comme X….

Commentaires

Le travail se fait progressivement : l’enfant est amené à communiquer 

  • à l’aide d’une collection intermédiaire,
  • oralement,
  • par écrit.

La différenciation se fait en jouant sur la taille des collections : l’enseignant dirige d’abord les enfants vers les coquetiers verts (de 4 à 6) et quand il voit qu’un élève est à l’aise avec ce niveau, il l’oriente vers les coquetiers bleus puis rouges.

Un intérêt de l’activité est l’aspect autocorrectif qui permet à l’élève de se situer lui-même dans son apprentissage.


Notes

Notes
1 Rémy Brissiaud, Comment les enfants apprennent à calculer, Éditions Retz, 1989.