Nicolas ROUCHE (1925 – 2008) a créé le Groupe d’Enseignement Mathématique en 1978 alors qu’il était professeur au département de mathématiques de l’Université Catholique de Louvain.
Nicolas ROUCHE a insufflé au GEM une culture, un esprit de recherche, une profondeur d’esprit, une fibre sociale, le tout dans un climat d’amitié.
Le texte suivant illustre bien son intérêt pour l’accession de tous à l’enseignement des mathématiques et pour le développement du sens dans celui-ci. Il est extrait de Faire des mathématiques : le plaisir du sens de R. Bkouche, B. Charlot, N. Rouche , Armand Colin, Paris, 1991.
« Quoi qu’il en soit, ne suffit-il pas d’avoir vu un élève une seule fois se mettre à penser et agir sur un chantier de problèmes à sa portée pour savoir que la pensée mathématisante est latente dans son esprit ? Et le grand nombre de fois où l’on constate un éveil de ce genre, fut-il éphémère, n’incite-t-il pas à croire que la pensée mathématisante est latente dans tout esprit ? Et enfin, n’est-ce pas parce que l’imagination et la logique appartiennent à l’essence même de la pensée que celle-ci, sollicitée du côté des figures et des nombres, et non entravée par ailleurs, se met à esquisser des mathématiques ? Si ces affirmations ne sont que vraisemblables, si elles paraissent, par nature, impossibles à prouver, n’importe-t-il pas néanmoins, pour chaque personne et pour la société, d’en faire le pari ?
Si l’on accepte ces conclusions, les mathématiques n’ont rien d’une discipline à part, située à côté de la pensée commune, et qui pourrait faire l’objet pour certains d’un supplément d’instruction. Elles sont, pour ainsi dire, une face de la pensée. Il n’y a pas les esprits concrets à côté des esprits abstraits. Toute pensée est conceptualisante par nature et encline aux mathématiques.
Mais alors, la réponse à la question « Enseigner les mathématiques, pour qui ? Pourquoi ? » devient évidente. De quel droit amputerait-on, par défaut d’enseignement, la pensée de quelqu’un de sa face mathématique ? Ne pas éduquer mathématiquement un enfant, c’est mutiler, défigurer sa pensée. Il faut enseigner les mathématiques à tous. Avec une restriction majeure : tout citoyen a le droit d’être préservé des mathématiques réduites au sens étroit. Tout citoyen a droit au sens, dans l’acception la plus pleine du mot. »
On trouvera une liste de ses publications concernant l’enseignement des mathématiques sous l’onglet Publications.