De quoi s’agit-il ?
Un enfant dicte un assemblage de cinq cubes ; les autres le réalisent en suivant les consignes.
Enjeux
- Rechercher la chronologie des étapes qui a mené à la construction du module qu’on va dicter
- S’exprimer pour être compris
- Savoir utiliser et comprendre le vocabulaire de position de façon à pouvoir préciser les positions relatives d’un cube par rapport à un autre, ou d’un cube dans un assemblage complet
- Traduire une perception visuelle en langage oral et inversement
- Comprendre le cheminement mental de quelqu’un d’autre
- Socles 3.2.3 : décrire les différentes étapes d’une construction en s’appuyant sur des propriétés de figures, de transformations
- Socles 3.2.3 : comprendre et utiliser les termes usuels propres à la géométrie pour décrire, comparer, tracer
De quoi a-t-on besoin ?
Chacun prend cinq cubes qui s’attachent, une feuille quadrillée en cm2 et de quoi dessiner.
Comment s’y prendre ?
L’enfant qui est désigné pour dicter réalise un assemblage avec ses cubes. Celui-ci ne doit pas être visible par les autres au moment de la dictée.
L’enseignant donne la consigne suivante : « Dis-nous ce qu’on doit faire pour avoir le même assemblage que le tien. »
Chacun, individuellement avec ses cubes, réalise sa construction au fur et à mesure de la dictée.
Après chaque dictée, des questions sont posées : pourquoi certains se sont-ils trompés ? Qu’aurait-il fallu préciser ? Que dicter pour que tous réussissent ? Cette étape de correction est importante pour amener les enfants à retrouver l’étape de dictée qui était ambiguë et les inciter à être de plus en plus précis quand ils dictent.
Échos d’une classe
Voici quelques exemples de dictées dans une classe de 1e année.
La dictée de Victor
« Il en faut deux de chaque côté ; il en faut un au milieu en haut et c’est tout. »
Les constructions (fig.1) ne correspondent pas toutes à celle qui était attendue, c.-à-d. la figure 1a.
– L’institutrice (I) : D’où viennent les erreurs ?
– L’élève (É) : On ne savait pas comment étaient les deux cubes de chaque côté, s’ils étaient séparés, couchés, debout,…
– É : « Deux de chaque côté », mais il n’avait pas dit que ça faisait trois au-dessus.
– I : Comment faudrait-il dicter pour obtenir l’objet « pont » ? (L’enseignante donne une indication : suggérer un objet connu pour mieux visualiser l’objet.)
Quand un assemblage n’a pas été réussi ou a prêté à confusion, un autre enfant tente une dictée plus efficace de ce même assemblage. C’est le cas pour Ophélie et Dinah. Bien que tout le monde connaisse la réponse, chacun suit les nouvelles consignes mais n’arrive pas pour autant à l’objet attendu. Réaliser une dictée efficace n’est pas simple.
Voici la tentative d’Ophélie :
« On en met deux de chaque côté ; on en met trois au-dessus en une ligne couchée. »
– É : Mais on n’en a pas assez !
Voici la tentative de Dinah :
« Il en faut deux de chaque côté comme deux colonnes séparées ; il faut en attacher un au-dessus entre les deux tours. »
Cette fois, tout le monde obtient le « pont ».
La dictée de Nicolas
« On fait une pile de trois attachés ; puis deux en haut, à droite ou à gauche, comme vous voulez. »
Deux constructions différentes apparaissent (fig.2).
– I : Pourquoi s’est-on trompé ?
– É : On ne sait pas le dire.
– I : Alors, comment dicter pour avoir le bon assemblage (c.-à-d. la figure 2a) ?
Voici la tentative de Justine :
« Vous en mettez trois au-dessus, couchés ; et puis deux en colonne en dessous de celui de droite. »
Et tous réussissent.
La dictée d’Arnaud
«On en met trois couchés, attachés ; puis on en met deux attachés au-dessus dans le même sens, sans déborder des trois couchés d’en dessous.»
Deux propositions apparaissent (fig.3a et 3b). Quelle est la bonne ? Les deux propositions sont l’image en miroir l’une de l’autre.
La dictée de Maxime
« On en met deux couchés, attachés ; puis un au-dessus de celui qui est à gauche pour moi donc à droite pour vous ; puis un à côté à droite de celui qu’on vient de mettre ; et puis un au-dessus du troisième qu’on a mis. »
Deux constructions apparaissent (fig.4a et 4b).
La figure 4b n’est pas bonne.
– I : D’où vient l’erreur ?
– Max : J’avais dit au-dessus du troisième qu’on avait mis et il y en a qui ont mis leur cube sur le quatrième, le dernier dont j’avais parlé.
La dictée de Thibault
« Mettez-en trois accrochés en bas ; puis un à gauche sur le dernier ; puis enfin un caché derrière celui du milieu. »
Tout le monde a réussi la construction (fig.5).
Les réalisations faites spontanément n’ont en général qu’un cube de profondeur. Thibault dicte néanmoins un assemblage avec une profondeur de deux cubes.
Dans le but de ne pas dicter deux fois le même assemblage, les enfants devaient dessiner celui qu’ils venaient de réaliser pour en laisser une trace. En voici quelques exemples.
À ce stade-ci, on ne demandera pas davantage de précision dans la représentation faite par les enfants, le but étant de s’assurer qu’on ne dictera pas un assemblage déjà réalisé.
Tant que l’assemblage n’avait qu’un cube de profondeur, le dessin était envisageable, personne ne se sentait dans l’impossibilité de le réaliser, avec plus ou moins de précision. La difficulté a été réelle pour l’assemblage de Thibault (fig.5) ! Voici quelques tentatives.
Prolongements
- Varier le nombre de cubes, cinq étant le minium pour que ce soit intéressant.
- Prendre des cubes qui ne s’attachent pas.
- Chercher tous les assemblages possibles de cinq cubes et en dessiner la trace sur feuille.
Vers où cela va-t-il ?
Vers le travail en 3D dans les cycles suivants. Des propositions sont présentées dans les chapitres suivants.
Commentaires
- Cette activité de dicter oblige l’enfant qui dicte à voir dans sa tête, à opérer un découpage mental de sa construction et à établir une chronologie dans ses consignes.
- Du côté des bâtisseurs, le défi de réaliser le même assemblage que celui qui est caché provoque une écoute active des consignes et un intérêt réel pour les comprendre.
- Cet exercice favorise l’utilisation de tout un vocabulaire de position.